Connery est imposé dans le rôle de James Bond par un sondage du Daily Express

James BondUn terrain de golf, un verre de scotch, une vie retirée dans sa villa de Marbella, accessoirement un bon scénar à feuilleter, et Sean Connery est content. «Les seuls acteurs que je connaisse qui ne soient pas intéressés par la gloire sont Sean Connery et le chien Lassie», disait John Huston. Et c’est vrai. Malgré ses cachets mirobolants qui se chiffrent en millions de dollars, notamment pour «Indiana Jones et la dernière croisade» (édité par CIC Vidéo), «Family business» (désormais disponible chez TF1 Vidéo) ou, le summum, «Highlander 2 », très bientôt à l’affiche dans les salles, Sean Connery n’a pas oublié le temps des vaches maigres à Edimbourg (Ecosse), quand il dormait dans le tiroir de l’armoire en rêvant de se remplir l’estomac : «Nous étions si pauvres que nous n’avions pas le temps de nous interroger. Juste heureux de survivre au jour le jour», confesse-t-il (Le Journal du dimanche, 1989).

Maçon, livreur de lait ou de charbon, il referme définitivement ses bouquins de classe à treize ans, puis rentre à la Royal Navy : un exutoire, une chance de devenir quelqu’un. Après trois ans de galère, de tatouages et d’ulcères, il s’engage dans un métier plein d’enthousiasme et d’avenir, le polissage de cercueils. Un nouveau job au Kean’s theatre lui refile le virus de la comédie. La lecture de Shakespeare ou Ibsen ravive en lui cette insatiable envie d’apprendre pour mieux combler ses lacunes scolaires. Ses apparitions prometteuses sur les planches, mais toujours furtives au cinéma, lui confèrent une petite notoriété dans le monde du théâtre british. Il est toutefois pressenti pour incarner l’agent secret d’une vague série B d’espionnage d’après Lan Fleming. Ses principaux concurrents s’appellent Cary Grant et… Roger Moore. Le premier étant trop cher et le second trop peu viril (ça s’arrangera dix ans plus tard!), le beau Sean est littéralement imposé par un sondage du Daily Express. Maintenant, son nom est Bond. James Bond.